Agir vivement, c’est courir le va parfois mal Realiser ou de ne composer qu’un coup d’eclat dont la brievete n’aura d’egale que Notre vanite.
May 24, 2022
Mais quelques situations ne laissent pas la possibilite de tergiverser, et demandent a chacun d’assumer sa responsabilite – a defaut d’intervenir, on se perdrait soi-meme.
J’y vais ou j’y vais pas ? Nous nous sommes l’ensemble de votre jour reclame si, face a une situation qui appelle – apparemment sans attendre – une intervention, nous aurions le courage de nous lancer et d’intervenir. Et nous admirons l’exemple de tous ces heros qui ont eu l’audace de s’interposer au cours des evenements sans tergiverser. En aussi temps libre, ils paraissent nombreux, les exemples, des conflits familiaux aux prises d’otage ou a l’action humanitaire, ou l’action d’eclat d’un tiers ignorant les tenants et les aboutissants du drame a empire les choses… Alors, faut-il se lancer ou temporiser ?
« La conscience fera de nous tous des laches ! »
S’ecrie Hamlet, repoussant sa vegeance
Deux spectres hantent la reflexion sur le courage, 2 heros tragiques et sublimes une litterature occidentale, qui incarnent, aux deux bords de notre histoire, deux solutions dramatiques, opposees, au conflit de l’action et de la reflexion : ?dipe et Hamlet. D’un cote, le jeune roi de Thebes, qui se creve les yeux une fois qu’il comprend que, faute d’avoir retourne au serieux l’oracle et reflechi aux forces qui l’emportent, il en est venu a tuer le pere et a prendre sa place aupres de une tante. Grande figure de ce que Freud appelait le « passage a l’acte », il se repete inlassablement au amateurmatch gratuit terme de son parcours : « Si j’avais su, si j’avais reflechi… » De l’autre cote, l’heritier du trone du Danemark, qui comprend que son pere a ete assassine et remplace via son oncle, et qui ne trouve pas le courage de le venger. Grande figure d’une procrastination (le manque de resolution) ou de l’akrasia (votre faiblesse une volonte), Il semble assailli avec une hurle existentielle tant il delibere et reporte au lendemain sa vengeance. Cela lui fera prononcer votre terrible formule : « Notre conscience fait de nous tous des laches ! »
Entre ?dipe et Hamlet, entre la « tragedie du destin » et J’ai « tragedie du caractere », Sigmund Freud, fascine, croyait i?tre capable de distinguer 2 ages de l’humanite. A l’aube de l’histoire, ?dipe aurait incarne, tel dans un reve eveille, le moment archaique et heroique de l’homme mu par les dieux (et avec son inconscient) et incite a briser l’ensemble des limites et chacune des lois. A l’autre bout, Hamlet aurait symbolise la nevrose de l’homme moderne ayant refoule ses pulsions : aussi qu’il reconnait obscurement son propre desir dans la figure du meurtrier de son pere et de l’amant de sa tante, Il semble incapable de passer a l’acte, de le punir ou de se punir. Pour le fondateur d’une psychanalyse, la progression du refoulement dans le quotidien affective de l’humanite aurait ainsi abouti a un individu faible et dubitatif, chez qui l’introspection et l’analyse psychologique auraient pris l’espace de l’action d’eclat heroique.
Ce schema sombre et profond, qui reduit le courage moderne a la quete d’authenticite d’un individu fragile et incertain, assailli par le sentiment d’insuffisance ainsi que culpabilite, merite d’etre remis proprement dit. Pour avoir renonce a Notre mythologie heroique, sommes-nous l’ensemble de condamnes a la pente en lachete ? N’a-t-on vraiment le choix qu’entre ces deux postures, le heros qui s’oublie dans le acte ou le nevrose entierement captif de une pensee ? Ce sont deux cas extremes : celui de l’action inconsciente ainsi que la reflexion sterile. Toute la question du courage se situe en realite dans leur depassement.
Au-dela de l’acte heroique
Le coup de force de Platon et d’Aristote, lorsqu’ils prennent en charge la question du courage, consiste a detacher votre vertu de l’univers de signification heroique et militaire dans lequel l’avait confine la culture grecque et de l’arrimer a une dimension toute nouvelle, celle d’la connaissance. Chez le heros archaique, la responsabilite est quasi absente, du fait meme de le impetuosite. Comme le souligne Etienne Smoes dans Le Courage chez les Grecs d’Homere a Aristote (Ousia, 1995) : « Malgre le agitation frenetique, le heros homerique s’affirme avec une profonde passivite et une non moins grande irresponsabilite. » c’est le jouet des dieux. Ce seront eux qui lui accordent la force d’agir, le kudos, cet « avantage instantane et irresistible a la maniere d’un i?tre capable de magique » que le dieu accorde tantot a l’un, tantot a l’autre, en fonction de son gre, ainsi, « toujours pour donner l’avantage i l’instant decisif d’un combat ou d’une rivalite » (Emile Benveniste, Le Vocabulaire des institutions indo-europeennes). L’acte heroique est 1 acte pur, sans intention ni motivation, d’un etre qui possi?de surmonte la crainte parce qu’il a confiance en son destin.